Amplitude de mouvement, instabilité vertébrale et risque blessures au dos chez les manutentionnaires novices

Riley, A.E, Craig, T.D., Sharma, N.K., Billinger, S.E., et Wilson, S.E. « Novice lifters exhibit a more kyphotic lifting posture than experienced lifters in straight-leg lifting », Journal of Biomechanics, 2015, vol. 48, no 10, p. 1693-1699.

Description : Cette étude détermine si la plus grande flexion lombaire observée chez les manutentionnaires novices s’approche des limites de l’amplitude de mouvement. Vingt-trois sujets ont été séparés en deux groupes : novice et expert (une personne qui soulève des poids libres au moins trois fois par semaine depuis un an). Des capteurs ont été posés sur les repères anatomiques T10, S1 et manubrium. L’amplitude de mouvement lombaire a été mesurée sur plusieurs angles de flexion pour chaque sujet. Les sujets ont soulevé, les jambes tendues, une caisse pesant 3 % de leur force maximale (0,57 kg-3,4 kg) pendant 4 minutes à une fréquence de 15 levers/min.

Principaux résultats :

  • Les novices ont montré une plus grande cyphose lombaire dans les phases d’extension et de flexion du lever comparativement aux experts qui ont conservé un angle plus neutre.
  • Les novices ont approché les limites de leur amplitude de mouvement (moyenne de 86 %) pendant l’extension tandis que les experts ont maintenu une posture plus neutre (moyenne de 48 %).

Conclusion : En se rapprochant de leur amplitude de mouvement maximale, les novices augmentent leur instabilité vertébrale et se mettent à risque de blessures au bas du dos. Comme l’amplitude de mouvement est semblable entre les deux groupes, la différence se situe au niveau des patrons de coordination motrice. Une formation par biofeedback pourrait être développée afin d’enseigner aux novices à garder une posture plus neutre.

Commentaire : Les résultats de cette recherche concordent avec les conclusions de l’étude portant sur les différences entre des experts et des novices en manutention réalisée à l’IRSST. Les poids soulevés étaient toutefois très bas comparativement à d’autres études et à ce qui se soulève en entreprise. Un poids plus élevé pourrait produire un patron de coordination différent. Par ailleurs, les auteurs ont seulement étudié les trois premiers cycles complets de levers. Les sujets ayant peut-être ajusté leur posture avec l’apprentissage de la tâche, les résultats auraient pu être différents quelques cycles plus tard. Il aurait été intéressant de voir les effets de la fatigue sur la posture des experts et des novices.