2021
Développement, validation et application d’une méthode quantitative pour évaluer les déplacements des pieds des manutentionnaires
Les troubles musculosquelettiques lors d’activités de manutention manuelle (MM) sont encore très présents dans nos milieux de travail. Les facteurs de risque biomécanique les plus souvent associés aux douleurs au dos incluent la manutention manuelle, les répétitions excessives, les torsions du tronc et les levers de charges lourdes. Plusieurs déterminants d’une tâche de MM ont été étudiés pour déterminer leur importance sur l’exposition physique des travailleurs. Par exemple, la hauteur de la charge, la distance initiale de la charge par rapport au corps, la masse soulevée et la vitesse du soulèvement sont tous des déterminants liés à la grandeur du moment externe L5/S1 ou à celle de la force de compression.
L’une des mesures de prévention les plus fréquemment préconisées en MM vise à soulever les caisses dans une posture symétrique afin d’éviter les mouvements de torsion du tronc. Une des façons de limiter les asymétries de posture consiste à faire face à la charge à soulever et à laisser les pieds de se déplacer librement. Le placement des pieds est un paramètre clé pour décrire le comportement moteur du manutentionnaire (Ma) pour se rapprocher de la charge à soulever, pour diminuer les asymétries de postures, et pour se déplacer du lieu de prise vers le lieu de dépôt (phase de transition). Toutefois, il existe très peu d’informations disponibles sur les différentes stratégies de déplacement des pieds durant cette phase.
Une étude a proposé une métrologie pour classifier et pour quantifier les déplacements des pieds (Wagner et al., 2009, 2010), mais cette méthode comportait des limites importantes. L’objectif général de cette recherche visait principalement à s’approprier la méthode de Wagner et al. (2009, 2010) en l’adaptant aux besoins de cette étude et à valider la méthode améliorée en permettant de quantifier les déplacements des manutentionnaires. Une nouvelle taxonomie capable de déterminer les stratégies de déplacement des pieds des Ma a donc été développée et validée, puis appliquée sur des données existantes de Plamondon et al. (2010, 2014) pour définir les stratégies de placements des pieds les plus communes (chapitre 3) et aussi celles entre des Ma experts et novices (chapitre 4). Comme les techniques d’apprentissage automatique (Machine Learning) sont de plus en plus populaires et amènent des économies de temps d’analyse (surtout en limitant le temps d’observations manuelles), une technique proposant un classement automatique des stratégies de placement des pieds par apprentissage automatique a été énoncée (chapitre 5), puis mise à l’épreuve dans une comparaison entre des observations réelles et celles prédites par cette technique (chapitre 6). Enfin, une phase expérimentale en laboratoire consistait à appliquer la méthode de détection des pas sur 15 Ma novices sous l’effet de quatre déterminants majeurs en manutention : la hauteur de prise et de dépôt; la distance de transfert (contraignant la possibilité de déplacer les pieds); la masse de la charge; et la cadence (chapitre 7).
Dans les retombées majeures, nous avons maintenant une méthode pour classifier par observations et de façon automatique les placements des pieds. De nouvelles connaissances sur les stratégies de placement et de déplacement des pieds chez les experts et les novices ont également été ajoutées ce qui permettra de bonifier les programmes de formation en manutention. À titre d’exemple, les experts ont tendance à opter pour une stratégie de déplacement des pieds plus statique et progressive, alors que les novices sont plus fluides et variables. Les stratégies de placement des pieds ont aussi des impacts sur les moments résultants et asymétriques à l’instant du lever. Enfin, cette méthode améliorée devrait servir à mieux documenter les déplacements des pieds des manutentionnaires en laboratoire et éventuellement lors d’observations du travail réel en entreprise.
Développement d’un outil personnalisé d’aide à la décision en vue de minimiser les risques en manutention impliquant des postures symétriques et asymétriques
Les charges excessives imposées sur la colonne vertébrale lombaire constituent un facteur de risques important pour les maux de dos. La modélisation biomécanique de la colonne vertébrale est la seule approche non invasive permettant d’estimer ces charges, mais la complexité de ces modèles limite leur utilisation par des ergonomes. Pour aider ces derniers à identifier des situations à risque de blessures au dos afin de limiter le chargement aux structures lombaires, il existe des outils d’aide à la décision comme l’équation de levage du NIOSH (Revised NIOSH Lifting Equation, Waters et al, 1993) ainsi que les tables de levage de Snook (Snook et Ciriello 1991, Liberty Mutual). Ce ne sont toutefois pas des outils qui calculent directement le chargement lombaire, mais plutôt fournissent une estimation des poids limites qu’une population de travailleur peut soulever de manière sécuritaire. Par le passé, Arjmand et al. (2011, 2012) ont développé des équations de régression, à partir du modèle cinématique détaillé du groupe de Shirazi-Adl. Elles établissent une relation simple entre le chargement lombaire (forces de compressions et de cisaillement aux niveaux L4-L5 et L5-S1) et des variables indépendantes d’entrées facilement mesurables par l’intervenant. Ces équations sont par contre limitées aux postures symétriques et elles ne tiennent pas compte des variations dans le poids et la taille des travailleurs. On visait à : (1) développer les équations de prédiction des charges au dos tenant compte pour la première fois des facteurs personnels tels que le poids et la taille des sujets; (2) améliorer les équations de prédiction des charges au dos lors d’activités asymétriques de manutention, équations qui seraient utilisées par les ergonomes pour évaluer des situations à risque de blessures.
Méthode : Notre modèle cinématique d’éléments finis du tronc a été modifié pour incorporer des variables personnalisées, dont le poids, la taille, l’âge et le sexe des sujets et ensuite utilisé pour évaluer l’effet de ces variables individualisées (poids, taille, sexe et âge) sur les forces de compression et de cisaillement aux niveaux L4-L5 et L5-S1. Des mesures directes ont été effectuées sur 19 sujets asymptomatiques lors de tâches symétriques et asymétriques de manutention, afin d’enregistrer les rotations en 3D du tronc et du bassin ainsi que les activités EMG des muscles superficiels. Le modèle cinématique amélioré a permis d’estimer les forces de compression et de cisaillement lors des tâches symétriques/asymétriques et des simulations ont permis d’étendre les données d’entrée et de sortie utile au développement de nouvelles équations de régression. Ces équations sont capables de prédire les forces de compression/cisaillement à partir de simples variables d’entrée comme le poids et la taille du sujet, la grandeur de charge, la distance (bras de levier) de la charge dans les mains, l’inclinaison ainsi que l’angle d’asymétrie du tronc.
Résultats obtenus : Des équations de prédiction des forces de compression et de cisaillement sur la colonne vertébrale aux niveaux L4-L5 et L5-S1 ont été développées pour les manutentions : (1) en postures symétriques en tenant compte des variations des charges, de la posture, du poids, de la taille, du sexe et de l’âge des sujets; et (2) en postures asymétriques en tenant compte de la grandeur de charge, de la position de la charge dans les mains, de la rotation asymétrique du tronc et des paramètres personnalisés des sujets comme les variables d’entrée. Ces équations de régression ont eu la meilleure correspondance (suivies par OpenSim, AnyBody, le polynôme de McGill et 3DSSPP) par rapport aux mesures intradiscales in vivo. Aussi, chez des personnes de poids corporel élevé, les estimations des poids recommandés au moyen de l’équation de lever du NIOSH ont généré des forces de compression lombaire plus élevées que la limite recommandée par le NIOSH. Par contre, chez les individus moins lourds, les poids recommandés du NIOSH sont demeurés conservateurs (compression < 3 400 N et cisaillement < 1 250 N).
Retombées : Ce travail offre maintenant aux intervenants en SST des équations prédictives simples des forces de compression et de cisaillement sur la colonne vertébrale comme outil d’aide à la décision en vue de minimiser les risques en manutention impliquant des postures symétriques et asymétriques.
2020
Validation d’un nouveau système de mesure inertiel pour estimer la cinématique du corps humain : le cas des manutentionnaires
Les études terrain avec des systèmes ambulatoires capables de mesurer la cinématique du corps humain sont maintenant possibles. Toutefois, ces systèmes de mesure sont souvent très onéreux, ce qui pourrait empêcher les entreprises ou encore les intervenants de se les procurer. L’objectif de cette recherche était de valider un nouveau système ambulatoire abordable (Perception Neuron Noitom de moins de 2 000 $ CA) pour mesurer la cinématique complète du corps humain et fournir une rétroaction fidèle de la tâche réalisée en utilisant ici l’exemple du travail de manutentionnaires.
Pour ce faire, cinq sujets ont été recrutés et des mesures en laboratoire ont été effectuées. Le système se compose de 17 senseurs magnéto-inertiels (centrales inertielles) disposés sur les différents segments du corps humain : pieds, jambes, cuisses, pelvis, sternum, tête, scapulas, bras, avant-bras et mains. Ces centrales inertielles sont composées de trois capteurs triaxiaux : accéléromètres, gyroscopes et magnétomètres. Les mesures de ces trois capteurs sont fusionnées pour estimer l’orientation de la centrale inertielle dans l’espace 3D. Le système a été comparé en laboratoire à un système de référence reconnu comme valide, soit le système optoélectronique « Optotrak » de NDI.
Les résultats obtenus en laboratoire ont démontré que le système Neuron réussissait à mesurer la cinématique de la majorité des segments corporels avec des erreurs quadratiques moyennes (RMSE) oscillant autour d’un seuil acceptable de 5° dans le plan sagittal.
Les perspectives d’utilisation de ce type de système sont prometteuses. En plus de pouvoir fournir une rétroaction aux travailleurs en formation sur les façons de réaliser leurs tâches, le système pourrait aussi être utilisé pour une mesure partielle de l’exposition physique d’un travailleur, pour autant que son environnement de travail ne présente pas de fortes perturbations magnétiques.
Effet de l’expertise et du sexe sur les contraintes à l’épaule en manutention
L’atteinte de troubles musculosquelettiques (TMS) parmi les travailleurs et travailleuses au Québec était récemment estimée à 732 000 cas (Stock et al., 2014). Ces TMS sont associés aux activités professionnelles impliquant des efforts physiques prolongés, intenses et/ou répétitifs, telles que des tâches d’assemblage, de manutention, d’aide à la personne ou encore de maintien de posture prolongée sur un poste de travail. Les membres supérieurs, qui représentaient 30,1 % des cas de TMS déclarés et acceptés au Québec de 1998 à 2007 (Michel et al., 2010), sont les plus touchés après le dos. Plus particulièrement, l’épaule figure comme l’articulation la plus affectée, représentant 46,5 % de ces lésions, dont 80 % sont des tendinites et des entorses (Duguay et al., 2012). Ces TMS entraînent le plus grand nombre de jours de travail perdus par années aux États-Unis (Statistics 2015, s. d.). Les femmes ainsi que les nouveaux employés ou les jeunes employés sont aussi plus à risque de développer un TMS à l’épaule (Breslin et Smith, 2005; Nordander et al., 2008; Treaster et Burr, 2004). Dans un contexte où les TMS à l’épaule deviennent une problématique réelle de santé publique et de santé des travailleurs, il paraît nécessaire d’avoir une meilleure compréhension de la biomécanique de l’épaule lors de tâches manuelles. Cela mènerait à des recommandations en santé-sécurité au travail pour réduire l’exposition aux risques de TMS à l’épaule.
L’objectif général était d’analyser et comparer les techniques de manutention au niveau de l’épaule, entre les hommes et les femmes (étude 1), puis entre des manutentionnaires experts et novices (étude 2) du secteur de la distribution au moyen d’indicateurs synthétiques de risque. Plusieurs tâches de travail en manutention ont été simulées en laboratoire avec pour objectif de dégager des stratégies moins contraignantes pour l’épaule et d’évaluer des indicateurs synthétiques originaux quant à leur potentiel d’estimer les contraintes musculosquelettiques et ainsi de proposer des indicateurs d’exposition. Les participants recrutés ont effectué des déplacements de boîtes instrumentées de masses variées (6 kg, 8 kg, 12 kg), d’un point bas situé au niveau des hanches à un point haut situé au-dessus des épaules.
Une analyse cinématique a été effectuée pour décrire les stratégies articulaires employées par les participants. Les résultats appuient la perspective d’une stratégie de contribution articulaire du membre supérieur spécifique au sexe lors d’une tâche de manutention. Avec une masse de 6 kg, les femmes utilisent davantage leur articulation glénohumérale que les hommes. Toutefois, avec une masse de 12 kg, les différences entre les sexes pour cette contribution articulaire sont dans la direction opposée, puisque l’articulation glénohumérale des hommes contribue plus que celle des femmes. La diminution de la contribution glénohumérale chez les femmes pour la masse plus élevée est compensée par les articulations du poignet et du coude. La plupart des différences rapportées sont présentes lors de la phase de dépôt, c’est-à-dire lorsque les bras sont au niveau des épaules et au-dessus. Les résultats suggèrent aussi la perspective d’une contribution articulaire spécifique à l’expertise pour les membres supérieurs durant une tâche de levage de boîte. Pendant la phase de tiré, les novices utilisent les articulations du poignet, du coude, de l’épaule et du tronc pour rapprocher leurs mains de la boîte et l’atteindre. Les experts, quant à eux, rapprochent leur corps entier de la boîte en impliquant leurs membres inférieurs pour limiter la contribution de l’ensemble du bras et maintenir le tronc en position neutre. Entre les phases du tiré et du levé, les deux groupes sollicitent principalement leurs poignets et leurs coudes tandis que l’épaule contribue à environ 30 % de la hauteur de la boîte. Les experts montrent une plus grande implication de l’ensemble sternoclaviculaire et acromioclaviculaire ce qui signifie que les experts stabilisent l’articulation plus efficacement au cours de cette transition. Entre les phases du levé et du dépôt, les deux groupes s’appuient sur une technique similaire où la flexion de l’épaule compte entre 55 % et 60 % de la hauteur atteinte par la boîte.
Une analyse électromyographique (EMG) de dix muscles de la ceinture scapulaire et du bras a été réalisée. Cette mesure expérimentale EMG a permis d’identifier que les participants ont produit, comme attendu, plus d’activité musculaire pour soulever la boîte de 12 kg que pour soulever les boîtes de 6 kg ou 8 kg. L’augmentation de l’activité musculaire est plus importante au niveau des muscles moteurs (deltoïde antérieur, deltoïde latéral, pectoral, biceps brachial) que pour les muscles stabilisateurs (supraépineux, infraépineux, sous-scapulaire) et les muscles antagonistes (deltoïde postérieur, grand dorsal, triceps brachial). Une tendance similaire est observée concernant l’effet du sexe sur l’activité musculaire. Les femmes ont généré une plus grande activité musculaire des muscles moteurs et des muscles antagonistes que les hommes pour une charge absolue similaire. En effet, les femmes levant une boîte de 6 kg ont une activation musculaire semblable aux hommes soulevant la boîte de 12 kg, atteignant des niveaux d’activité jusqu’à 48 % de leur activation maximale dans le deltoïde antérieur. Ce résultat est conforme à plusieurs études mettant en évidence que la force maximale des femmes est de 30 à 60 % plus faible que celle des hommes pour les différents groupes musculaires des membres supérieurs (Douma et al., 2014; Faber et al., 2006; Harbo et al., 2012). Les résultats ne semblent pas être en faveur d’une différence d’activation musculaire entre les experts et les novices. Bien que les novices semblent avoir une activation musculaire supérieure à celle des experts dans la phase du levé, la distribution des activations au cours de la tâche est similaire entre les groupes. Une différence de stratégie impliquant une phase de tiré plus longue chez les experts proportionnellement au temps de la tâche, pourrait être à l’origine d’un déphasage d’activation musculaire entre les phases de levé et de dépôt des deux groupes, impliquant une différence statistique qui ne serait pas forcément présente physiquement.
Enfin, un modèle musculosquelettique a été bâti pour estimer les forces internes appliquées aux articulations du membre supérieur lors d’un levé de boîte. Ce modèle est sensible aux variations de masse, de sexe et d’expertise, ainsi qu’aux différentes phases du mouvement. Comme anticipé, la somme des activations musculaires et la somme des forces musculaires sont plus élevées avec une masse de 12 kg qu’avec des masses de 6 kg et 8 kg, dans les différentes phases du mouvement. Les femmes, ainsi que les experts présentent des activations musculaires et des forces musculaires plus élevées que les hommes et les novices respectivement. Le temps relatif passé au-delà d’un ratio compression-cisaillement de dislocation à l’articulation glénohumérale est plus élevé avec une masse de 12 kg, mais aussi chez les femmes et chez les experts.
Une recommandation qui peut être faite à partir de cette étude est qu’il est probablement plus sécuritaire d’approcher davantage la boîte du corps lors d’une tâche de manutention. Cette technique réduit le moment au niveau du bras et pourrait réduire la contrainte au niveau de l’épaule et du coude. Ce changement de cinématique pourrait aussi influencer les directions des forces musculaires, permettant ainsi une moindre activation pour une même stabilité. En plus de réduire le chargement sur la colonne vertébrale (Marras et al., 2006), cette technique pourrait aussi être un facteur important dans la réduction des blessures à l’épaule en limitant les forces lors des amplitudes de mouvement articulaires extrêmes.
2019
Vers une stratégie intégrée de prévention en manutention
Destiné à tous les intervenants et les milieux de travail préoccupés par la prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) reliés à des tâches de manutention, ce document propose une stratégie intégrée de prévention en manutention.
Combinant formation et intervention, cette stratégie repose sur la compréhension, l’observation et l’analyse de cinq principes d’action. Ces principes d’action sont les points communs de l’ensemble des techniques de manutention qu’utilisent les travailleurs. Chacun d’eux possède des repères d’observation caractéristiques. Les repères indiquent ainsi les compromis que le travailleur doit faire pour atteindre son objectif de préserver sa santé et sa sécurité, puisqu’ils sont liés aux contraintes ou aux efforts.
Les principes d’action présentés dans le document sont soutenus par des vidéos explicatives disponibles sur le site de l’IRSST Manutention en milieu de travail.
2018
Appropriation et transfert par des formateurs d’une nouvelle approche de prévention en manutention axée sur l’utilisation de principes d’action
Mise en contexte et objectif
Prenant acte du constat d’échec des formations à la manutention axées sur l’enseignement exclusif de la technique sécuritaire « dos droit – genoux fléchis », une nouvelle approche d’intervention dite « stratégie intégrée de prévention en manutention » (SIPM) a été proposée en 2011. Son originalité repose, entre autres, sur l’utilisation de neuf principes d’action permettant de comprendre et de commenter la richesse des techniques de manutention utilisées naturellement par les manutentionnaires dans leur milieu de travail. L’étude a pour objectif central d’évaluer l’appropriation et le transfert de la SIPM par un groupe d’intervenants formés à cette approche lors d’interventions naturelles en contextes réels.
Méthodologie
L’étude compte quatre volets complémentaires et séquentiels. Une enquête par questionnaire en ligne a d’abord été réalisée pour étudier les pratiques d’intervention en santé et en sécurité de travail (SST) d’une population d’intervenants (n=104) du Québec (volet #1). Par la suite, un échantillon de 28 intervenants issus du domaine de la SST a été formé à la SIPM. Divers indicateurs prédictifs du transfert ont été évalués en contexte postformatif à l’aide d’un questionnaire (volet #2). Une méthodologie mixte et qualitative mobilisant divers outils de cueillette de données a ensuite été utilisée pour évaluer l’appropriation et le transfert par les intervenants de la SIPM lors d’interventions en manutention (n=19) en contextes réels, et ce, sur une période de suivi de deux ans (volets #3). Des indicateurs et des déterminants d’appropriation ont permis d’évaluer et d’expliquer trois niveaux de transfert de la SIPM : exemplaire, adéquat et insuffisant. De plus, l’utilisation faite des principes d’action lors de ces interventions a été approfondie. Fort de ces résultats, des recommandations d’amélioration de la SIPM et de la formation de formateurs visant son utilisation appropriée ont été formulées (volet #4).
Principaux résultats
Volet #1 : L’enquête montre que les intervenants en SST au Québec ont une pratique fortement axée sur la préparation et la prestation de sessions d’information ou de formation. La transmission de connaissances est l’approche pédagogique dominante : plus rarement sollicite-t-on l’engagement actif et contextualisé des apprenants. Avec en moyenne plus de 10 ans d’expérience, ces intervenants peuvent être considérés comme des spécialistes de la formation en SST. Toutefois, comme ils sont appelés à multiplier les formations sur plusieurs thématiques, ils peuvent être perçus comme des généralistes – plutôt que des spécialistes d’un domaine – incluant la manutention. Ces données ont permis d’adapter la formation à la SIPM à cette réalité.
Volet #2 : Les divers indicateurs évalués permettant de prédire le transfert chez les apprenants une fois la formation terminée suggèrent le fort potentiel de cette formation à susciter un transfert des apprentissages du milieu formatif vers le milieu de travail. Entre autres, les formés perçoivent les notions apprises comme utiles, disent avoir le sentiment de bien les maîtriser, d’accomplir des apprentissages et avoir l’intention de transférer leurs acquis lors d’interventions futures. Leur sentiment d’efficacité personnel à l’égard de leur capacité à déployer la SIPM – un fort prédicteur du transfert – est en moyenne très élevé. Ces résultats ont incité l’équipe de recherche à vérifier le niveau de transfert dans les pratiques naturelles d’intervention en manutention de ces intervenants.
Volet #3 : Des 28 intervenants ainsi formés, 16 ont pu être observés lors d’une prestation de formation, certains à plus d’une reprise, pour un total de 19 cas étudiés. Ces interventions se sont déroulées dans divers milieux de travail et pour une grande hétérogénéité de tâches de manutention de complexité variable. Les populations formées étaient soient des travailleurs de production (n=13) – la population cible de la SIPM – soit des travailleurs-formateurs en entreprises (n=3 : p. ex. des superviseurs) ou d’autres populations (n=3 : p. ex. spécialistes en réadaptation). Les indicateurs évalués de façon plus détaillée pour 10 des 13 formations offertes à des travailleurs-manutentionnaires témoignent d’une excellente appropriation de la part des intervenants, et ce, sur plusieurs dimensions. Toutefois, deux cas ont été jugés d’un niveau d’appropriation insuffisant. Les plus grands écarts observés entre la SIPM et les formations dispensées par les intervenants concernent surtout leur durée plus courte, la rareté des actions de transformation des situations de travail ainsi que certains aspects du dispositif de formation mis en place pour susciter des apprentissages. Plusieurs déterminants ont été identifiés qui expliquent une bonne part des écarts constatés entre la SIPM et les pratiques de formation à la manutention en usage. Les intervenants identifient surtout des déterminants d’ordre contextuel liés à leur environnement de travail (p. ex. surcharge de travail) ou à l’environnement du milieu demandeur (p. ex. budget limité) qui les contraignent à adapter la SIPM à ces réalités. L’équipe de recherche a aussi pu pointer des déterminants individuels, ainsi que des facteurs liés aux caractéristiques des tâches de manutention et aux travailleurs formés (mentionnés aussi par quelques intervenants). Les intervenants utilisent les principes d’action de manière conforme aux enseignements reçus, bien que certains d’entre eux soient plus évoqués, alors que d’autres sont sous-utilisés : un assez fort « biais postural » demeure. Finalement, plutôt que d’intégrer les propositions de changement aux résultats – la discussion a été mise en valeur ici et là par des encadrés qui décrivent les améliorations proposées à la SIPM et à sa formation (volet #4).
Éléments de discussion
Les résultats suggèrent une forme d’appropriation « en devenir ». D’une part, les intervenants formés ont montré une grande capacité à s’approprier et à transférer les contenus de formation de la SIPM : l’utilisation qu’ils font des principes d’action et des autres notions enseignées lors des formations est fort appropriée, bien que certains « glissements » soient notés. Les efforts sont évidents pour contextualiser les savoirs abordés, de même que pour choisir des supports pédagogiques adaptés et des stratégies pour susciter des échanges entre participants, de sorte à créer une dynamique participative. D’autre part, les intervenants font face à un dilemme entre deux conceptions ou paradigmes de formation : l’un selon lequel la transmission de savoirs théoriques domine, l’autre selon lequel l’engagement actif des apprenants dans la construction de leurs connaissances est privilégié. Les intervenants doivent ainsi effectuer de difficiles transitions – et les compromis qu’elles requièrent – entre : a. une posture de « formateur-expert » et une autre de médiateur des apprentissages, qui touche leur identité professionnelle; b. le contrôle strict des contenus et du déroulement ainsi qu’une certaine tolérance à l’incertitude, tout en tenant compte des exigences normatives des formations; c. un contenu dominé par les connaissances et un autre pour lequel l’accent est mis sur les savoir-faire moteurs, en lien avec les requis du travail et les thématiques abordées; d. la prise en compte des besoins du « client demandeur » et ceux du « client cible », en lien avec les mandats et les objectifs de formation poursuivis. Ces transitions peuvent être déstabilisantes et nuire à l’utilisation de la SIPM si les intervenants ne se sentent pas accompagnés et soutenus.
Idées clefs à retenir
- Malgré une complexité élevée et une rupture paradigmatique évidente, une majorité d’intervenants en SST formés à la SIPM a pu se l’approprier et la transférer dans leurs pratiques d’interventions courantes. L’approche est appréciée des parties prenantes;
- Des écarts entre certains préceptes de la SIPM et les pratiques en usage persistent, dont certains s’expliquent par des déterminants représentant des barrières pour les intervenants et auxquelles ces derniers tentent de s’adapter. Cette régulation est pour l’heure incontournable;
- Les intervenants formés à la SIPM sont dans une phase de transition entre leurs pratiques antérieures de formation et les nouveaux requis pédagogiques de la SIPM, engendrant des dilemmes pouvant les déstabiliser, voire les décourager s’ils ne sont pas bien soutenus.
Pour quelles raisons la formation aux techniques sécuritaires de manutention ne fonctionne-t-elle pas? Revue critique de la littérature
Mise en contexte et objectif
La formation en manutention fait l’objet de nombreuses demandes de la part des milieux de travail. Or, malgré leur abondante diffusion, ces formations voient leur efficacité remise en cause par cinq méta-analyses publiées entre 2007 et 2014. La consultation de ces revues de la littérature ne permet pas de comprendre les raisons pour lesquelles il en est ainsi puisque les formations recensées – et dont on tente d’évaluer l’efficacité – n’y sont pas décrites, ou alors elles ne le sont que sommairement. Le fait de disposer de plus d’informations sur les caractéristiques des formations en manutention permettrait certainement de mieux expliquer leur manque d’efficacité rapportée, et ainsi pouvoir proposer des voies d’amélioration. C’est le but que se sont fixé les auteurs de cette étude.
Méthodologie
Soixante-dix-sept articles tirés des cinq méta-analyses recensées ont été analysés à l’aide de 86 variables. Les grandes caractéristiques des formations ont d’abord été décrites en fonction des trois lieux où elles sont offertes : en entreprise, en laboratoire et en établissement de formation. Puisqu’elles sont les plus courantes (51 sur 77), les formations en entreprise ont fait l’objet d’une description plus détaillée. Des regroupements ont ensuite été créés à partir de la sélection de quatre critères de qualité d’une formation, soutenus par un cadre théorique : des contenus adaptés au contexte, de l’engagement moteur, de la pratique contextualisée et des transformation(s) de la situation de travail en complément à la formation. L’existence d’un lien entre les formations qui incluent ces critères et leur efficacité a été vérifiée. Enfin, l’hypothèse d’un possible biais des méta-analyses lié aux critères de sélection des formations a été formulée.
Principaux résultats
La formation en manutention utilise des dispositifs variés dans des contextes qui le sont tout autant : elle est une mosaïque hétérogène. Or, cette hétérogénéité contraste avec l’étonnante uniformité des contenus, majoritairement axés sur la connaissance et l’adoption de la technique sécuritaire de manutention dite « dos droit-genoux fléchis ». Ce contenu standardisé s’inscrit dans une logique de formation où l’apprenant et ses comportements sont au centre des intentions pédagogiques. Peu de cas est fait des interactions de cette personne avec son environnement dynamique de travail et des exigences de régulation que cela impose. Pour la grande majorité d’entre eux, les contenus de formation sont prédéterminés et exportables d’un milieu de manutention à un autre, et ce, en dépit du fait de la variabilité des réalités de ces contextes.
Des quatre critères de qualité retenus, seuls ceux relatifs aux transformations concomitantes à la formation et – dans une moindre mesure, au contenu de formation adapté au contexte – permettent des améliorations en termes d’efficacité. Dix pour cent des études respectent tous les critères de qualité retenus. Malgré le nombre impressionnant d’études consacrées à la formation en manutention et à son évaluation, les méta-analyses n’orientent leurs conclusions que sur un nombre limité de ces études – puisqu’elles accordent un poids supérieur à celles jugées comme étant de qualité méthodologique élevée – ce qui représente environ une formation sur 10. Les résultats montrent que ces devis d’évaluation de qualité supérieure se prononcent sur l’efficacité de formations considérées simples à évaluer, peu complexes et généralement de moindre qualité, ce qui peut avoir un effet sur les conclusions formulées dans les méta-analyses. De plus, les résultats sur l’efficacité – tels que rapportés par les auteurs des études – laissent entrevoir un portrait plus optimiste que les conclusions formulées par les auteurs des méta-analyses.
Éléments de discussion
Les limites des formations actuelles en manutention font l’objet de discussions et des explications potentielles sont avancées à l’égard de leur inefficacité rapportée. Une insistance particulière est mise sur le fait que ce n’est pas la pertinence d’offrir de la formation qui doit être questionnée, mais bien un type de formation axée uniquement sur la connaissance et l’adoption de techniques de manutention sécuritaires. Ces dernières sont soumises à un certain nombre de critiques, mais des arguments qui leur sont favorables sont aussi exposés : elles ne sont pas à écarter, mais ne devraient plus être au centre des apprentissages. Enfin, des recommandations concrètes sont proposées pour bonifier les programmes de formation offerts en manutention.
Le paradoxe entre la qualité de la démarche d’évaluation et la qualité des formations soumises à cette évaluation est aussi discuté. Une argumentation est présentée sur la nécessité de développer des méthodologies d’évaluation appropriées pour juger de l’efficacité de formations considérées d’un plus haut niveau de complexité, une marque de leur qualité. Finalement, les limites de cette étude de même qu’une conclusion sont présentées.
Idées clefs à retenir
- Dans une forte majorité de cas, former en manutention est à l’heure actuelle synonyme d’apprendre les rudiments de la technique sécuritaire dite « dos droit – genoux fléchis ». Peu d’options alternatives sont offertes;
- L’efficacité de cette approche est questionnée. Ce jugement – émis par les auteurs des méta-analyses – s’appuie surtout sur un échantillon limité d’études dont le devis d’évaluation est jugé de qualité élevée, c’est-à-dire environ une formation sur 10;
- En comparaison, les études rapportent des effets positifs des formations dans plus de 50 % des cas, ce qui contraste avec les conclusions des méta-analyses. La technique sécuritaire apparaît donc offrir un certain potentiel pour la prévention;
- Il existe un risque que l’échantillon d’études qu’utilisent les méta-analyses comporte un biais de sélection. En effet, nos résultats montrent que les études utilisant un devis d’évaluation de qualité supérieure se prononcent sur l’efficacité de formations considérées de moindre qualité, puisqu’elles sont plus « simples » à évaluer;
- Cette situation est le reflet des limites des devis d’évaluation d’inspiration biomédicale – ceux considérés de meilleure qualité – appliqués à des démarches de formation plus complexes en contexte réel, pourtant un gage de qualité supérieure;
- La formation à la manutention devrait être revisitée pour conserver sa pertinence dans un programme global de prévention. La technique sécuritaire ne devrait plus être le savoir dominant et devrait être complétée par d’autres savoirs spécifiques aux contextes dans lesquels les manutentionnaires en formation oeuvrent. Comme préalable à la formation, ces contextes devraient faire l’objet d’analyses pour mieux les comprendre;
- Une approche par compétences, et non l’apprentissage de techniques prédéterminées, est prônée. Les manutentionnaires doivent pouvoir s’adapter à des contextes changeants et réguler les fréquents impondérables et aléas auxquels ils font face.
Développement d’un système de mesures et d’un protocole de mesures permettant de quantifier l’exposition physique des manutentionnaires
L’objectif principal de ce projet était de combiner différents senseurs et instruments pour expérimenter, en laboratoire et sur le terrain, un système de mesures permettant d’estimer quantitativement l’exposition physique des manutentionnaires. Ce type de système pourrait éventuellement servir à évaluer objectivement l’efficacité d’approches de prévention. Un second objectif consistait à mettre au point une stratégie d’échantillonnage pour optimiser la mesure de l’exposition physique de manutentionnaires sur le terrain. Des auteurs ont fréquemment souligné des lacunes dans la manière d’échantillonner les données ce qui a peut-être contribué à affaiblir les études portant sur les relations entre l’exposition physique et les lésions physiques.
Dans la première partie du projet, il fallait déterminer les variables qui contribuent de manière importante à l’exposition physique des manutentionnaires et choisir les instruments de mesures nécessaires. Les variables d’exposition devaient répondre minimalement à deux critères : 1) être reconnues dans la littérature comme ayant un effet significatif sur le risque de blessure du manutentionnaire; 2) pouvoir être mesurées quantitativement sur le terrain. Un grand nombre de variables a pu être répertorié à partir du premier critère, mais seulement un petit nombre a été retenu à partir du second. Ce résultat était attendu en raison des difficultés de mesure sur le terrain, et cela, malgré les avancées technologiques majeures des dernières années. Cependant, il s’avérait essentiel de pouvoir disposer d’un système capable de mesurer la cinématique 3D du corps entier, c’est-à-dire de suivre les mouvements des principaux segments du corps, dont le dos, le bassin, la tête, les bras, les avant-bras, les mains, les cuisses, les jambes et les pieds. Parmi les systèmes les plus récents et prometteurs, on trouve les centrales inertielles (IMU) composées d’accéléromètres, de gyroscopes et de magnétomètres triaxiaux dont les signaux, combinés au moyen d’un filtre numérique de type Kalman, sont capables de déterminer la cinématique 3D d’un segment (déplacement, vélocité et accélération). Le système développé par la compagnie Xsens paraissait particulièrement intéressant et, comme tout instrument de mesure, il fallait, dans un premier temps, s’assurer de sa validité et fidélité dans des conditions de laboratoire et, dans un second temps, il était nécessaire d’expérimenter ce système de mesures en entreprise auprès d’un groupe cible de manutentionnaires.
Les résultats en laboratoire à partir de 12 sujets volontaires (9 masculins, 3 féminins) ont démontré que le système de mesures Xsens, par rapport à un système de mesures étalon (système optoélectronique Optotrak), parvenait à estimer, pendant des tâches de manutention, une majorité des angles articulaires du corps entier à l’intérieur d’un seuil acceptable de 5° d’erreurs. Les centrales inertielles, dans un environnement sans distorsion magnétique, ont donc le potentiel de suivre le mouvement des travailleurs lorsqu’ils effectuent leurs tâches quotidiennes. Par contre, dans un environnement avec perturbations magnétiques qui affectent les données du magnétomètre, les erreurs de mesure augmentent, mais une fois cette perturbation terminée, le niveau d’erreur redevient acceptable après un délai de 30 s. Il est donc conseillé de respecter un délai minimal de 30 s après des perturbations magnétiques avant de considérer les données comme valides.
La deuxième partie du projet consistait à évaluer en entreprise le système de mesures inertiel Xsens auprès de 10 manutentionnaires (9 masculins, 1 féminin) dans le cadre de leur travail régulier. Tous ont manutentionné au minimum une commande de produits (en moyenne 115 produits transférés sur une palette) pendant une durée moyenne de 32 min. Sur le terrain, une comparaison quantitative avec un autre instrument de mesure étalon est difficile, par contre, il est possible de comparer qualitativement les mouvements segmentaires de l’avatar du logiciel de Xsens avec les images du participant captées par caméra. La différence de mouvement entre l’avatar et les images vidéo synchronisées a été observée par un agent de recherche. Sur l’ensemble des observations évaluées (total = 2298 observations), 68 % de celles-ci ont été jugées comme acceptables, c’est-à-dire que l’image vidéo du participant était conforme à celle de l’avatar de Xsens. La majorité des erreurs a été causée par des perturbations magnétiques en provenance du transpalette, mais il demeure qu’il est possible d’effectuer des mesures cinématiques de travailleurs en entreprise avec un niveau d’erreur acceptable. Aussi, lorsque cette cinématique du corps entier est combinée à d’autres informations disponibles dans l’entreprise, comme la liste des commandes sur laquelle le poids des produits manutentionnés est indiqué, il est alors possible d’estimer le chargement au dos. L’ensemble de ces mesures rend maintenant possible l’estimation de l’exposition physique des manutentionnaires.
Pour répondre au second objectif, une stratégie d’échantillonnage a été élaborée. Celle-ci sera utile pour optimiser les prochaines collectes et s’assurer d’un échantillonnage adéquat. Des compromis devront toutefois être faits entre l’obtention de données d’une très grande précision (avec le nombre de sujets prescrits) et ce que la réalité en matière de coûts-bénéfices permet de réaliser sur le terrain.
Les perspectives d’utilisation de ce type d’instrument de mesure sont nombreuses. Il sera possible, par exemple, de quantifier les effets d’une intervention ergonomique qui vise une réduction de l’exposition physique. Des travailleurs novices en formation pourraient ainsi recevoir des rétroactions sur leur façon de réaliser leurs tâches et être suivi dans leur parcours de formation. Finalement, il deviendra plus facile de quantifier la dose-réponse pour soutenir l’élaboration de nouvelles normes sécuritaires.
2015
Estimation du chargement lombaire au moyen de modèles biomécaniques articulaires – Évaluation et application
Les troubles musculosquelettiques (TMS) et tout particulièrement les affections vertébrales constituent un fardeau autant pour la société que pour les personnes qui en sont affectées. Au Québec, le nombre d’affections vertébrales s’établissait en 2011 à 21 228 et elles représentaient près de 30 % de l’ensemble des lésions professionnelles indemnisées. C’est la région lombaire de la colonne vertébrale qui est la zone la plus touchée (60 % des cas d’affections) et l’effort excessif est l’agent causal le plus souvent rapporté (40 %). Selon le National Research Council (2001), il existe une relation claire entre les lésions au dos et la charge mécanique imposée lors de travail de manutention. Afin de bien documenter cette relation, le chargement lombaire doit être mieux quantifié dans les milieux de travail. Étant donné qu’il n’est pas possible de le mesurer directement, des modèles biomécaniques ont été développés à cet effet.
Le principe de base des modèles biomécaniques actuels consiste à estimer les forces sur les différentes structures actives (muscles) et passives (disques, ligaments) du tronc en équilibrant les moments (charges) externes, qui sont causés par les mouvements du corps et les charges externes, avec les moments internes, qui eux résultent de l’action musculaire et ligamentaire. Des mesures externes (intrants des modèles) doivent ainsi être prises pour produire les estimations des modèles (extrants). Ces estimations sont de différents ordres : forces musculaires, tensions ligamentaires, forces de compression et de cisaillement sur les disques/vertèbres. Au Québec, deux chercheurs ont développé des modèles biomécaniques internes de la colonne vertébrale lombaire basés sur des approches très différentes: (1) une approche physiologique qui s’appuie sur des mesures d’électromyographie (EMG) assistées par optimisation (modèle EMGAO); (2) une approche qui repose sur des mesures cinématiques, aussi assistées par optimisation (modèle CINAO). Une comparaison de ces deux modèles, réalisée dans le cadre d’une étude antérieure, a permis de mettre en lumière certaines faiblesses et d’apporter des correctifs.
Le présent projet proposait quatre volets de recherche. Les deux premiers volets, avec le modèle CINAO, et le quatrième volet, avec le modèle EMGAO, ont permis d’évaluer la sensibilité des intrants et des extrants de ces modèles en présence de différents effets ou manipulations expérimentales. Le troisième volet, de son côté, est une application du modèle CINAO et sa comparaison aux outils ergonomiques les plus populaires en matière de prédiction du chargement lombaire.
Volet 1 : L’objectif du premier volet visait à vérifier si différentes forces externes (dont les orientations, positions et amplitudes étaient différentes, mais produisant le même moment net à L5-S1) sollicitaient les mêmes groupes musculaires et produisaient le même chargement lombaire. Les résultats de ce volet (1) ont confirmé l’influence majeure de la force d’orientation et celle de la hauteur sur la réponse neuromusculaire du tronc et sur le chargement lombaire, et (2) ont permis d’améliorer les résultats du modèle CINAO en considérant les nouveaux intrants.
Volet 2 : Ce volet avait pour objectif d’étudier les réactions des muscles du tronc (réponses réflexes) à des perturbations soudaines de celui-ci. En effet, ce type de perturbation soudaine représente un risque de blessure et peut se produire lors d’activités de manutention de charges ou de patients ou tout simplement lors d’une chute par glissement, soit des mécanismes de blessures de nature accidentelle. Les réponses réflexes et ses répercussions mécaniques ont été évaluées avec les mesures externes (EMG, cinématique, forces externes) et les estimations du modèle CINAO lors de différentes conditions de perturbation susceptibles de moduler les réponses réflexes. Les résultats de ce volet ont révélé que différentes réponses physiologiques et biomécaniques, qui ne vont pas toujours dans la direction attendue selon les hypothèses en vigueur, et qui ne sont pas toujours détectées par chaque catégorie de mesure, ont été observées. Il apparaît donc que les réponses réflexes des muscles du tronc sont dépendantes de plusieurs paramètres qui entrent en interaction et qui n’ont pas tous été identifiés jusqu’à maintenant. Cependant, la présente étude aura permis de mettre en lumière que les mesures EMG et les estimations du modèle CINAO apportent des informations différentes, voire complémentaires. De plus, il apparaît que les mesures cinématiques du tronc peuvent capturer l’essentiel de l’information requise pour quantifier les effets mécaniques des réponses réflexes. En d’autres mots, le modèle CINAO ne semble pas apporter de valeur ajoutée aux mesures cinématiques pour quantifier les réponses réflexes. Par contre, ces modèles (CINAO, stabilité lombaire) procurent des informations sur les forces internes découlant des perturbations du tronc, ce qui aide à estimer le risque de lésions lombaires
Volet 3 : Afin de pallier les limites des outils ergonomiques proposés jusqu’à maintenant pour prédire le chargement lombaire, des équations de régression (ou de prédiction) avaient précédemment été développées à partir du modèle CINAO. Elles établissaient une relation simple entre le chargement lombaire (soit à L4-L5 ou à L5-S1) et quatre variables indépendantes d’entrées soit : (1) la charge dans les mains; (2) la distance horizontale entre la charge et l’épaule; (3) l’angle du tronc en flexion avant et (4) le ratio de rotation lombaire/pelvienne. Ce volet visait à étendre l’utilisation de ces équations pour des chargements asymétriques et à les comparer aux estimations offertes par quatre autres outils ergonomiques parmi les plus populaires. Les résultats soutiennent que ces nouvelles équations constituent une avancée par rapport à l’équation du National Institute of Occupational Safety and Health (NIOSH) de 1991, soit l’outil de référence le plus utilisé par les ergonomes. Les résultats indiquent aussi des différences importantes entre les cinq outils, mais heureusement ils sont plus en accord au regard de la prédiction des forces de compression à L5-S1. Il n’était pas possible de savoir lequel des outils était le plus conforme, car il n’existe pas de mesure étalon dans ce domaine. Toutefois, deux outils se conformaient mieux aux données de pression intradiscale, dont celui développé dans le cadre de ce volet.
Volet 4 : Dans le cadre d’un projet précédent, des données extrêmement riches et détaillées avaient été recueillies sur des manutentionnaires experts et novices. Les analyses réalisées avec les mesures externes ont mené à des résultats différents entre les deux groupes et qui supposent des effets sur le chargement interne de la colonne vertébrale lombaire. Ce volet avait pour but de vérifier ces effets attendus à l’aide du modèle EMGAO. Les résultats ont permis de démontrer que les experts ont été plus efficients que les novices quant à la stratégie de répartition des efforts internes pour contrer des moments externes équivalents. L’expérience acquise au fil des années semble avoir permis aux experts de développer des façons de faire plus sécuritaires et efficientes comme l’utilisation moins importante des tissus passifs de la colonne vertébrale qui pourrait expliquer leur faible taux de blessure.
En somme, ces quatre volets de recherche ont permis de mieux connaître les forces et les faiblesses des modèles CINAO et EMGAO, ainsi que leurs valeurs pour expliquer et/ou quantifier le chargement lombaire interne.
2014
Cinématique et modélisation biomécanique de l’épaule lors de tâches de manutention
De récentes revues de la littérature épidémiologique montrent que travailler avec les bras en position levée augmente la probabilité de développer des troubles musculosquelettiques (TMS) aux épaules. Bien que l’origine et les mécanismes de TMS à l’épaule manquent d’évidence dans la littérature scientifique, réaliser une tâche avec les bras en position levée cause un chargement de la musculature de l’épaule plus important. Cependant, peu d’éléments permettent d’expliquer les raisons pour lesquelles cette posture avec les bras élevés est gênante, et comment celle-ci affecte le membre supérieur en mouvement. La modélisation musculosquelettique du corps humain est aujourd’hui un moyen efficace et non invasif pour obtenir des informations sur les efforts internes qui sont appliqués aux muscles, aux tendons et aux os.
L’objectif général de ce projet de recherche consistait à développer (1) un modèle cinématique et (2) un modèle musculosquelettique de la ceinture scapulaire et du bras pour étudier la biomécanique de l’épaule lors de la manutention et (3) d’en tester la sensibilité aux conditions de tâches et de masses. Plusieurs tâches de travail en manutention ont été simulées en laboratoire avec pour objectif d’évaluer les contraintes musculosquelettiques aux épaules lors de ces tâches. Dix-huit sujets ont effectué des déplacements de caisses instrumentées, de trois masses différentes (6 kg, 12 kg et 18 kg), sur une distance équivalente à la hauteur des hanches, des épaules et des yeux. Dans sa première partie, ce rapport comporte une analyse cinématique qui permet de décrire les stratégies articulaires employées par les sujets. Une augmentation de la masse de la caisse induit des stratégies motrices plus efficientes chez les sujets comme celle de rapprocher davantage du tronc la charge à soulever lors du déplacement. Lever une caisse à hauteur des yeux lors d’un déplacement de charge augmente la contribution de la ceinture scapulaire au mouvement par rapport à une levée à hauteur des épaules. La hauteur de la caisse qui doit être manutentionnée affecte aussi l’élévation gléno-humérale.
Dans la seconde partie du rapport, un modèle musculosquelettique a été développé pour une première estimation des forces internes appliquées au membre supérieur lors de déplacement de boîte. Ce modèle est sensible aux variations de masse de la charge ainsi qu’aux différentes phases du déplacement. Cependant, il semblerait que les tâches étudiées ne modifient pas les forces et les activations musculaires maximales. Enfin, dans sa dernière partie, le rapport fait état de l’activité électromyographique (EMG) de dix muscles de la ceinture scapulaire et du bras. Cette mesure expérimentale EMG a permis d’identifier les principaux muscles impliqués lors de déplacement de caisse. Par exemple, les biceps n’étaient pas affectés par la hauteur de destination de la charge à soulever mais plutôt par l’augmentation de la masse de la caisse. En revanche, le trapèze supérieur semble être un muscle déterminant pour la levée de caisse dès que les tâches de manutention nécessitent un transfert à des hauteurs importantes, et ce, même si le rôle qu’il joue dans ce type de tâche reste à documenter. De plus, l’activité EMG des deltoïdes antérieur et médian est importante quelles que soient la hauteur et la masse des caisses. Une recommandation qui peut être formulée à partir de ce rapport est qu’une tâche qui nécessite un déplacement d’une caisse de 6 kg ou de 12 kg entre la hauteur des hanches et celle des épaules doit être préférée à un même déplacement entre la hauteur des épaules et celle des yeux. L’adoption d’une posture avec les coudes fléchis et la charge le plus près possible du torse est à encourager tant que les recherches n’auront pas validé de meilleures techniques à employer pour prévenir les blessures aux épaules lors d’un transfert de charge en hauteur.
2013
Outil d’aide à la planification pour une manutention manuelle sécuritaire
Dans le cadre d’une nouvelle approche de formation, l’IRSST a lancé un outil d’aide à la planification pour une manutention manuelle sécuritaire. Au moyen de la Grille d’évaluation des situations de manutention, des chercheurs ont conçu ce nouvel outil, que des intervenants en SST ont par la suite testé. Son utilisation permet de mieux comprendre les situations de manutention et de planifier des transformations et des activités de formation adaptées au contexte du travail.
À l’aide de cinq fiches, les intervenants pourront :
- identifier les problèmes associés à certains postes ou à des tâches de manutention;
- déterminer les situations qui doivent être transformées et celles qui nécessitent de la formation;
- comprendre les caractéristiques de chacune des situations retenues pour mieux planifier les transformations et la formation;
- déterminer les aspects à améliorer pour chaque situation;
- organiser la formation en consignant les informations à considérer et à transmettre au formateur pour la planification de la formation et du suivi.
Impacts biomécaniques et ergonomiques de la manutention chez les travailleurs obèses
L’obésité est un problème émergent qui a des répercussions en santé et en sécurité du travail (SST). La prévalence de blessures musculo-squelettiques chez les individus obèses et les coûts indirects (non médicaux) sont plus élevés que ceux des travailleurs ayant un poids santé. Sachant qu’une hausse soutenue du taux d’obésité chez les travailleurs est observée au Canada, il est important de s’intéresser à la problématique de l’obésité liée au travail. Les risques de blessures au dos survenues au travail sont très élevés et la profession la plus touchée est celle de manutentionnaire. On connait peu l’effet de l’obésité sur les façons d’effectuer les tâches de manutention. L’objectif de cette étude est d’analyser les stratégies de travail des manutentionnaires obèses et de les comparer à celles de ceux ayant un poids santé.
Tests en laboratoire
Dix-sept manutentionnaires obèses et 20 autres ayant un poids santé ont participé à des évaluations en laboratoire. Les tâches étudiées étaient des transferts de caisses d’un convoyeur à un diable et vice versa. Le poids de la charge, la hauteur de saisie et de dépôt, de même que la configuration de l’aire de travail ont été adaptés pour examiner les façons de faire des participants. Plusieurs mesures biomécaniques, incluant les moments de force au dos, la posture et le déplacement des caisses, ont été prises afin de juger de l’aspect sécuritaire et efficient des méthodes de manutention observées.
L’influence des facteurs anthropométriques
Les résultats démontrent clairement que les facteurs anthropométriques des manutentionnaires obèses induisent un chargement lombaire maximal nettement plus important (>23 %) que chez les autres lors du levage et du dépôt de caisses sur un diable ou sur un convoyeur. Peu de différences ont été observées au niveau des attitudes posturales en raison d’une variabilité inter-individu très présente au sein des deux groupes de participants. Le poids des manutentionnaires a permis d’expliquer 57 % de la variation du moment de force maximal transverse au dos lors du soulèvement de caisses du sol.
Ces résultats suggèrent que la surcharge pondérale d’un travailleur obèse entraîne indubitablement un effet additif significatif sur les structures musculo-squelettiques du dos. Cet impact biomécanique expose les manutentionnaires obèses à un risque plus important de développer un trouble musculo-squelettique lors de la manutention de charges.
Les TMS des membres supérieurs – Mieux les comprendre pour mieux les prévenir
Les troubles musculosquelettiques affectant les membres supérieurs, communément appelés «maladies en -ite», constituent une problématique complexe où s’entremêle l’influence de nombreux facteurs. Conçu en collaboration avec des chercheurs de l’IRSST, et mis à jour en 2013, ce document de 54 pages brosse, dans un langage accessible à tous, un portrait complet de la question. On y clarifie ce que sont les TMS, comment on les reconnaît, quels sont les facteurs favorisant leur apparition et quels moyens on peut utiliser pour les prévenir.
On peut se procurer des exemplaires du présent document en communiquant avec :
ASPHME
2271, boul. Fernand-Lafontaine, bureau 301
Longueuil (Québec) J4G 2R7
Tél. : 450 442-7763
2012
Les femmes manutentionnaires – Un point de vue biomécanique et ergonomique
De nombreuses femmes exercent le métier de manutentionnaire. À tort, on a négligé de s’intéresser à cette population parce que le métier de manutentionnaire est largement pratiqué par des hommes. Il existe des études qui ont observé des différences significatives entre les hommes et les femmes dans leurs façons d’effectuer les tâches de manutention, mais leur nombre est limité. Quoique le nombre de manutentionnaires féminins soit beaucoup moins élevé dans certains types d’activité comme le transport et la machinerie, dans d’autres secteurs comme l’alimentation et les services, les femmes constituent souvent près de la moitié de la main-d’œuvre qui, de façon occasionnelle, devra faire du travail de manutention. Il est donc pertinent d’étudier cette population. L’objectif de ce projet de recherche était de mieux comprendre ce qui différencie les femmes des hommes manutentionnaires dans leurs modes opératoires. On suppose que les modes opératoires propres aux manutentionnaires féminins expérimentés sont différents des manutentionnaires de sexe masculin.
Les données de cette étude ont été comparées à celles recueillies lors du projet expert/novice avec des sujets masculins (Plamondon et coll., 2010). Le design expérimental permettait de faire ressortir les différences entre les sexes dans un contexte de travail où la charge était la même de façon absolue (15 kg pour les deux sexes) ou la même de façon relative (hommes : 15 kg; femmes : 10 kg) sachant que les femmes démontrent approximativement en moyenne une force équivalente aux 2/3 de la force des hommes (10/15 kg = 2/3). Trois séances expérimentales ont été tenues. La première consistait principalement à évaluer les capacités physiques des sujets et à les familiariser avec les conditions expérimentales. Les deux autres séances plaçaient les manutentionnaires dans deux contextes différents. Les caractéristiques de la charge (poids, fragilité du contenant et décentrage du centre de gravité), la hauteur de saisie et de dépôt de même que l’état de fatigue des manutentionnaires sont les paramètres qui ont été modifiés pour tenter de susciter une plus grande variété de modes opératoires des participants.
Des données biomécaniques et des observations ergonomiques ont été recueillies lors de ces trois séances à partir de systèmes de mesure du mouvement, d’une grande plate-forme de forces et d’un système de mesures de l’activation des muscles. Les résultats démontrent que les femmes (15 sujets) sont moins fortes que le groupe d’hommes experts (15 sujets) et celui d’hommes novices (15 sujets), avec des mesures de force musculaire (force de levée et force des muscles du tronc) se situant entre 49 et 63 % de celle des hommes. Lors des tâches de manutention, il était aussi attendu, en regard des différences de gabarit entre les sexes, que le chargement au dos maximal (moment résultant à L5/S1) soit plus élevé chez les hommes. Toutefois, lorsque ce moment résultant était normalisé en fonction du poids du tronc, ces différences disparaissaient dans la majorité des cas. D’un autre côté, les résultats confirment que les femmes opèrent de manière différente à celle des experts masculins, en adoptant des façons de faire qui ressemblent davantage à celle des novices masculins. Pour une même charge absolue de 15 kg, les femmes ont, comparativement aux hommes experts : une durée de transfert des caisses plus longue; une inclinaison du tronc et une flexion lombaire plus élevées; une flexion des genoux moins grande au levage des caisses du sol; une vélocité angulaire du tronc plus faible; et un meilleur rapprochement des caisses. Une majorité de femmes (et de novices) ont utilisé une technique de levage très différente de celle des experts masculins, qui consiste principalement à effectuer dans un premier temps une extension des genoux et à réaliser l’extension du tronc par la suite. Cette technique pourrait induire une flexion lombaire supérieure à celle observée chez les hommes experts, mettant plus à risque les structures passives internes de la colonne vertébrale lombaire. Elle présente toutefois l’avantage d’être très efficiente sur le plan énergétique.
La manutention d’une même charge relative (hommes : 15 kg vs femmes : 10 kg) a permis aux femmes de bénéficier à la fois d’une réduction du chargement au dos et de la durée de transfert. Par contre, elles ont augmenté la distance de la caisse par rapport au tronc et cela n’a pas diminué le niveau de flexion lombaire dans la plupart des conditions. Conséquemment, l’intervention la plus directe serait de réduire le poids de la charge pour les femmes; mais cela n’affecte pas la flexion lombaire. La formation demeure une autre avenue d’intervention, mais les effets sur le chargement lombaire restent limités. Un autre type d’intervention consiste à augmenter la hauteur de saisie des caisses. Il faut retenir ici que la majorité des risques rapportés dans ce rapport ne s’appliquent qu’aux conditions de manutention où la charge est prise du sol, ce qui ne représente qu’une fraction de la plupart des tâches de manutention. En fait, les risques au dos diminuent considérablement lorsque la charge est prise à la hauteur des hanches. Ces modes d’intervention sont non seulement utiles pour augmenter la marge de sécurité au dos, mais également pour réduire l’exposition physique des manutentionnaires, hommes ou femmes.
2011
Analyse des activités de manutention de journaliers d’une grande municipalité québécoise : un outil pour composer avec le caractère changeant de la manutention
Un trait caractéristique de la grande majorité des activités de manutention est d’être changeant, les tâches de manutention simples (i.e. circonscrites dans l’espace, les lieux et le temps) ayant, dans bien des cas, été automatisées dans les entreprises. Les tâches de manutention que l’on confie aux travailleurs sont plus complexes et demandent de manipuler des charges variées, dans des contextes de travail diversifiés et changeants qui demandent des ajustements constants. Cet aspect « mouvant » est parfois difficile à saisir pour un intervenant qui n’est pas spécialiste de la manutention. C’est le cas d’une grande majorité d’intervenants en santé et en sécurité du travail (SST) qui ont des profils de généralistes et sont donc appelés à traiter une vaste gamme d’activités professionnelles et de problématiques de santé au travail. L’utilisation d’outils de diagnostic standardisés se prête mal à l’analyse de tâches aussi variées et fluctuantes.
Dans le cadre du développement d’un nouveau programme de formation à la manutention, une grille d’analyse des contextes en manutention (GACM) a été développée afin d’aider les intervenants à recueillir de l’information pertinente et ainsi mieux composer avec cet aspect « mouvant » de la manutention. Cet outil n’a pas la prétention d’en arriver à établir un portrait complet d’une ou de plusieurs tâches de manutention comme le ferait un diagnostic ergonomique, mais plutôt de faire ressortir quelques traits dominants et représentatifs de ces tâches afin qu’un intervenant puisse orienter un plan d’action spécifique, particulièrement pour établir les grandes lignes d’un contenu de formation.
En parallèle à une demande d’accompagnement d’une grande municipalité québécoise qui disait éprouver des problèmes de SST – en majorité d’origine musculo-squelettique – en lien avec les nombreuses tâches de manutention réalisées par les journaliers, la GACM a été testée. Un diagnostic ergonomique classique a d’abord été réalisé impliquant une analyse des accidents (n=478), des entrevues (n=13) et des observations de l’activité de travail (n=16 situations de manutention). La GACM a ensuite été utilisée par cinq chefs de division de la municipalité et leurs commentaires ont été recueillis. Les résultats obtenus ont été comparés à ceux plus complets du diagnostic ergonomique. En complément, une classification visant à décrire quatre types de systèmes manutentionnaire-charge a aussi été testée afin de voir la pertinence d’intégrer cet aspect – jusque là ignoré – à la GACM.
Le diagnostic ergonomique a permis d’identifier 21 situations problématiques, dont la plupart ont fait l’objet d’une démarche de recherche de solutions en collaboration avec les responsables de la municipalité. Pour ce qui est de la GACM, l’étude a permis de bien identifier ses limites d’application et les éléments sur lesquels nous devrons nous pencher pour en faciliter l’utilisation adéquate. Bien que son utilisation nécessite un certain niveau d’expertise, quelques ajustements somme toute mineurs sont requis pour maximiser son potentiel à être utilisée par une vaste gamme d’utilisateurs. La classification des systèmes manutentionnaire-charge s’est avérée opérationnelle et suffisamment pertinente pour l’inclure dans une nouvelle version de la GACM. Un constat de cette étude est à l’effet que ce n’est pas tant le recueil des données qui pose des difficultés que l’interprétation et la mise en forme de ces données pour orienter l’action dans les milieux de travail. En ce sens, nous suggérons le développement d’un modèle intégrateur, afin de faciliter la mise en commun et l’interprétation des informations recueillies. Les principales qualités souhaitées d’un tel modèle sont énoncées en discussion et une tentative exploratoire de modélisation est proposée.
L’intervention en ergonomie
Intervenir en ergonomie, tel est le propos de ce livre. Il vous guidera dans la manière d’accompagner les acteurs d’une entreprise dans un processus d’amélioration du travail, en vue de préserver la santé des personnes, tout en optimisant la production. L’ouvrage présente une vision moderne de l’intervention ergonomique. Il propose d’abord un modèle de la personne en activité, de même qu’un modèle de l’intervention, et explique d’une manière claire les grands concepts sous-jacents à l’intervention ergonomique. L’ouvrage décrit par la suite les grandes étapes à réaliser, de l’analyse de la demande au suivi des transformations. Il inclut une réflexion sur la pratique et propose aux lecteurs des outils concrets. L’intervention en ergonomie est le reflet de la pratique des chercheurs et praticiens québécois et de l’expérience de près de 30 ans de recherche-action, dont l’essor a été grandement favorisé par le soutien de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).
Programme de formation participative en manutention manuelle – Fondements théoriques et approche proposée
Les activités de manutention sont source de blessures musculo-squelettiques – particulièrement au dos – et ont fait l’objet de plusieurs études et d’efforts de prévention au fil des ans. Former les manutentionnaires est une avenue de prévention répandue. Une approche de formation dominante consiste à enseigner des consignes de base qui se matérialisent à travers des techniques standards que les manutentionnaires doivent appliquer en tout temps. Certaines études récentes remettent en question les effets de ces formations tandis que d’autres apportent un regard nouveau sur la réalité du travail de manutention. Des manutentionnaires comptant plusieurs années d’expérience utilisent des façons de faire plus diversifiées que ce qui est enseigné en formation. Leur défi n’est pas tant d’appliquer une technique prédéfinie que d’adapter leurs façons de faire en fonction de la variabilité des situations dans lesquelles ils se retrouvent. Une refonte des formations est essentielle pour être en phase avec l’activité des manutentionnaires. Nous proposons une démarche basée sur l’approche par compétences et sur des règles qui encadrent l’action, plutôt que sur des techniques standards.
Issu d’une synthèse critique de la littérature, d’échanges d’un groupe d’experts et de la référence à un cadre théorique qui intègre des concepts provenant de quatre disciplines, ce rapport décrit la démarche proposée, ses fondements théoriques et propose des outils pratiques pour concevoir des formations à la manutention à la fois plus réalistes et spécifiques aux milieux auxquels elles sont destinées. Une stratégie d’implantation en milieu de travail en trois phases est présentée, dont le principe directeur est de partir des situations concrètes de travail et des façons de faire déjà en place, plutôt que d’imposer de l’extérieur ce qui devrait être fait. Bien que la formation soit au cœur de cette démarche, les conditions de travail susceptibles d’influencer la présence des risques lors des activités de manutention sont aussi considérées. Tenir compte des conditions de travail, c’est aussi donner les moyens aux opérateurs d’exercer et de développer leurs compétences. Les questions du temps et de la compétence des personnes appelées à donner cette formation, deux aspects susceptibles de freiner la mise en œuvre de cette démarche, sont traitées. Des remarques sont également formulées sur les règles d’action, qui sont au cœur de cette approche, de même que sur les limites de cette dernière.
Colloque Manutention – La charge on la partage – Recueil des présentations
Quelque 150 personnes ont participé à ce colloque qui a permis de faire le point sur l’état de la recherche en matière de manutention manuelle. Organisé par le Réseau d’échanges sur la manutention (REM), cet événement s’adressait aux employeurs, aux travailleurs, et à leurs représentants, de même qu’à tous les intervenants en santé et sécurité qui s’intéressent à la manutention manuelle. En conformité avec les objectifs du REM, ce colloque visait à soutenir les milieux de travail dans la prise en charge des risques que comporte la manutention.
2010
Manutention – Comparaison des façons de faire entre les experts et les novices
Il a déjà été démontré que des manutentionnaires d’expérience, reconnus par leurs collègues comme étant des experts, ont développé des façons de faire différentes de celles des novices qui pourraient être à la fois sécuritaires et plus efficientes. Les auteurs croient que ces façons de faire pourraient inspirer l’élaboration de programmes de formation mieux adaptés au travail. Pour les fins de cette étude des experts en manutention et des travailleurs novices ont été invités à reproduire en laboratoire leurs façons de faire dans des conditions de travail variées. Cela a permis aux chercheurs de recueillir des données biomécaniques et de faire des observations ergonomiques afin d’essayer de comprendre ce qui les différencie des novices. Les résultats démontrent clairement que les experts adoptent des postures différentes de celles des novices lors des tâches de manutention. Cette étude a par ailleurs permis de valider plusieurs principes de manutention qui pourraient servir à améliorer les programmes de formation.
2009
Comparaison de deux modèles biomécaniques articulaires dans l’évaluation du chargement lombaire
2007
Analyse des stratégies de manutention chez des éboueurs au Québec – Pistes de réflexions pour une formation à la manutention plus adaptée
Le travail des éboueurs est exigeant et comporte des risques pour la santé et la sécurité. Diverses solutions ont été mises de l’avant pour atténuer les contraintes de ce travail, la formation étant une avenue populaire. Pourtant, les contenus de formation, quand ils existent, sont souvent théoriques et peu adaptés à la réalité du travail. Suite à une demande d’une municipalité québécoise pour revoir son contenu de formation, l’ergonome en charge du projet a filmé plusieurs éboueurs dans différents contextes. Ce matériel unique a été exploité afin d’observer les stratégies de manutention des éboueurs en situation réelle de travail. L’objectif était de mieux comprendre les façons de faire et leurs avantages afin de contribuer à bonifier les programmes actuels de formation à la manutention dans ce secteur.
Pour ce faire, à partir de matériel vidéo, des observations ont été réalisées pour décrire les différentes stratégies de manutention en fonction du contexte de travail. Ainsi, 13 éboueurs (12 hommes et 1 femme), répartis en trois groupes d’expérience (< 2 ans; 3 à 10 ans; > 10 ans), ont été observés dans des conditions climatiques variées. Au total, 2248 manutentions d’ordures ménagères ont été analysées. Les observations ont été effectuées à l’aide du logiciel ObserverTM.
Les enregistrements vidéo montrent les éboueurs dans diverses situations : la moitié des manutentions sont effectuées dans des conditions de froid intense ou avec une accumulation importante de neige. Pour environ le tiers des manutentions, la chaussée est glissante, des obstacles sont présents, la trémie du camion n’est pas orientée vers les ordures ou en est éloignée. Un peu plus d’une charge sur 10 est lourde, la majorité des ordures étant des sacs.
Certaines stratégies de manutention sont plus fréquemment observées chez les éboueurs. Ainsi, les éboueurs se déplacent peu avec les ordures en main et ils préfèrent les lancer. Même s’il existe un profil dominant de manutention, on note une importante variabilité dans les façons de faire en fonction de différents facteurs (poids des ordures, état de la chaussée, position du camion, etc.). Malgré cette variabilité, les résultats montrent que les éboueurs préconisent une manutention dynamique : on observe un enchaînement des actions qui va de la prise jusqu’au dépôt, chaque action étant en quelque sorte pensée pour la suivante. Cette façon de faire contraste avec le découpage suggéré dans les techniques sécuritaires de manutention où il faut d’abord soulever – en étant face à la charge – et ensuite pivoter pour déposer, une technique à forte dominante statique. Au contraire, les éboueurs semblent vouloir privilégier une position des pieds qui leur assure un passage harmonieux entre la phase de prise et de soulèvement, sans trop d’interruption. D’ailleurs, les éboueurs n’utilisent à peu près pas les méthodes de manutention sécuritaires enseignées dans les formations traditionnelles.
Ces stratégies dynamiques, caractéristiques des éboueurs expérimentés, suggèrent une préoccupation pour l’efficience et la recherche d’un rythme régulier de travail. Dans ce contexte, orienter une formation à la manutention uniquement sur l’enseignement de techniques sécuritaires nous apparaît voué à l’échec. Nous suggérons plutôt que ce serait la compétence de l’éboueur à analyser une situation de manutention et à trouver une solution fonctionnelle pour lui qui le prémunirait des risques, tout en lui permettant de rencontrer les objectifs de production qui lui sont imposés.
2005
Commerce de détail – Phase II : Analyse ergonomique des activités de manutention et de service à la clientèle dans des magasins-entrepôts de grande surface
2004
Les principaux déterminants de l’activité de manutention dans un magasin-entrepôt de grande surface
2002
Lombalgies et accidents musculosquelettiques chez les pompiers : Identification et analyse des situations à risque lors de l’accès aux véhicules et de la manutention d’outils
Grilles d’autodiagnostic en santé et en sécurité du travail – Guide d’utilisation
Version papier disponible à : ASP – Secteur fabrication de produits en métal et
électriques Téléphone : Montréal (514) 253-5549 Sainte-Foy
(418) 652-7682 http://www.aspme.org/
Intégration des approches biomécaniques et ergonomiques pour l’évaluation des effets d’une pratique libre de tâches de manutention
2000
Adaptation et validation d’un harnais de manutention pour les ambulanciers
1997
Évaluation biomécanique de stratégies distinguant les travailleurs experts et novices
Cette analyse comparative a permis de vérifier que plusieurs stratégies privilégiées par les experts relativement aux pivotements des charges, aux types de prises manuelles, à la mobilité des pieds et à l’action des genoux se traduisaient par un ou plusieurs effets simultanés, tels que la réduction des efforts aux articulations et de l’asymétrie de la posture, une amélioration de l’équilibre et une dépense énergétique plus faible. L’identification d’éléments aptes à réduire les risques de blessures aux articulations permettra d’élaborer des programmes de formation des manutentionnaires.
1995
Analyse des accidents survenus durant une année dans trois centres hospitaliers
1994
Identification des facteurs de risque associés à la manutention des dalles de bétonnières
La recherche a permis de conclure que le poids des dalles amovibles ne constitue qu’un des facteurs de risque associés à la manutention des dalles de bétonnières. Les autres sont le déploiement et la fermeture de la dalle pliante, le contrôle des mouvements latéraux du système de dalles, la prise et la dépose de l’adaptateur et du tuyau et, finalement, l’insertion et le démontage du tuyau.
Parmi les principaux éléments susceptibles de constituer des facteurs de risque, les auteurs ont noté la façon dont étaient conçus les supports des différentes composantes de la dalle, leur position et celle des contrôles, l’aménagement arrière du malaxeur, l’état des systèmes et les stratégies utilisées par les opérateurs.
1993
Projet d’ergonomie participative pour la prévention des maux de dos chez les manutentionnaires de la Société des alcools
Un groupe de représentants patronaux et de travailleurs a été créé dans deux entrepôts de la SAQ, soit à Montréal et à Québec. Un protocole d’entente a été signé par les parties pour préciser l’enjeu et les objectifs de la démarche. Les membres de ce groupe ont été assistés par un ergonome et ont reçu une formation de base en ergonomie dans le but d’analyser quelques problèmes de maux de dos et d’apporter des solutions préventives adaptées et transférables aux postes de travail.
Ce projet a permis de préciser la faisabilité et l’efficacité de l’ergonomie participative, d’analyser les accidents pour en préciser les scénarios et d’évaluer les efforts musculaires dans certaines activités de manutention. En favorisant l’analyse ergonomique du travail, cette activité a contribué à l’établissement d’une approche consensuelle en facilitant la reconnaissance et le partage du savoir de chacun des participants. De plus, l’étude a notamment permis l’implantation d’un nouveau système de préparation des produits, moins automatisé et mieux adapté aux différences individuelles entre travailleurs. Les parties s’entendent pour constater l’amélioration des conditions de travail et la réduction des coûts de production qui résultent de ce changement.
1992
Étude des risques d’accident dans la collecte des ordures ménagères
L’équipe a procédé à des mesures ergonomiques de la charge de travail, à l’observation des situations de travail et de l’aménagement des véhicules ainsi qu’à des entrevues avec les travailleurs, les gestionnaires municipaux et les propriétaires de compagnies de transport des ordures privées. Une analyse des accidents du travail a également été réalisée.
À la fin du projet, les responsables ont fourni un portrait des risques d’accidents reliés au travail de collecte et de transport, et ils proposent des recommandations touchant les mesures de prévention, l’aménagement des véhicules, les activités de manutention, l’organisation du travail et la gestion publique.
Positionnement des produits en entrepôt et charges sur la colonne
L’étude visait à déterminer le mode de positionnement des produits qui réduirait au minimum les chargements imposés au dos. Ce projet a aussi permis de valider une nouvelle méthode d’évaluation des charges supportées par la colonne vertébrale utilisable sur le terrain. Les recommandations pourront être appliquées à d’autres milieux de travail semblables.
1990
Système informatisé de recueil et d’analyse des données d’accident du personnel soignant – Phase 2 : Validation du prototype de logiciel développé
Le logiciel a été conçu sur la base d’études antérieures réalisées en milieu hospitalier : analyse ergonomique du travail du personnel soignant et analyse des données d’accidents de deux centres hospitaliers. Ces études ont permis de développer un questionnaire post-accident bien adapté au secteur hospitalier et d’identifier les analyses les plus pertinentes. Avant d’être diffusé sur une large échelle, le prototype développé sera implanté, en phase expérimentale, dans trois centres hospitaliers pendant un an, à des fins de validation.
1989
Résumé de trois études sur les préposés aux malades, hommes et femmes, dans un hôpital pour soins prolongés
Quatre unités d’un centre de soins gériatriques ont été visitées, et 32 préposés formés ont été observés. Plus de 1 400 opérations de manutention ont été décrites à l’aide d’une grille d’observation spécialement conçue à cet effet. L’étude a d’abord permis de constater que les principes enseignés ne sont que peu appliqués. On a pu déterminer des modèles de comportements effectivement utilisés pour remplacer les principes enseignés. Le faible degré d’utilisation des principes enseignés, en particulier dans certaines opérations spécifiques de manutention, suggère que ces principes sont peut-être mal adaptés aux opérations réelles et ne prennent pas en compte toutes les contraintes vécues en milieu de travail.
Suite à cette première étude l’auteure dégage trois recommandations majeures : 1 – poursuivre les études d’évaluation sur une plus vaste échelle; 2- intégrer davantage les travailleurs dans la conception des programmes de formation; 3 – considérer d’autres principes de manutention que ceux actuellement enseignés.