Les différences liées à l’âge affectent-elles la cinématique posturale et la cinétique articulaire pendant le soulèvement répétitif ?

Boocock, M.G., Mawston, G.A., et Taylor, S. « Age-related differences do affect postural kinematics and joint kinetics during repetitive lifting », Clinical Biomechanics, 2015, vol. 30, no 2, p. 136-143.

Description : Cette étude examine les différences dans la cinématique et la cinétique de levage répétitif chez des travailleurs issus de deux groupes d’âge différents. Quatorze jeunes hommes (moyenne de 24,4 ans) et 14 hommes plus âgés (moyenne de 47,2 ans) ont participé à l’étude. Les participants ont levé de manière répétitive une boîte de 13 kg à une fréquence de 10 levers par minute sur une durée maximale de 20 minutes. La cinématique et la cinétique ont été mesurées avec un système d’analyse de mouvement 3D et deux plateformes de force. La fatigue musculaire des extenseurs de la colonne a été évaluée à l’aide d’électromyographie.

Principaux résultats : La flexion maximale lombosacrée du tronc, de la hanche et du genou s’est avérée significativement différente entre les deux groupes.

  • Les plus jeunes ont augmenté leur flexion lombaire maximale de 18 % et ont approché 99 % de leur flexion maximale après 20 minutes alors que les hommes plus âgés ont augmenté leur flexion lombaire maximale de 4 % et ont atteint 82 % de leur flexion maximale.
  • Le groupe de jeunes a augmenté plus considérablement la vélocité angulaire lombosacrée et celle du tronc pendant l’extension, ce qui pourrait être associé à l’augmentation de la fatigue musculaire du dos observée dans ce groupe.

Conclusion : Les participants plus âgés semblaient mieux contrôler les effets néfastes de la fatigue associée au levage répétitif et ils limitaient l’amplitude du mouvement lombaire. Le taux plus élevé de blessures musculosquelettiques chez les travailleurs âgés pourrait résulter d’une interaction complexe entre divers facteurs de risques.

Commentaire : Cinq des 14 participants du groupe plus âgé ont arrêté avant la fin des 20 minutes, ce qui limite les inférences possibles entre les deux groupes en fin de tâche. Les participants étaient tous inexpérimentés en manutention. Les résultats de cette étude auraient pu être différents si les participants avaient été des manutentionnaires d’expérience. Une question demeure toutefois : pourquoi des travailleurs âgés ont-ils eu des résultats différents ? La réponse n’est pas évidente, même pour les auteurs. Malgré leur inexpérience en manutention, les participants âgés ont peut-être une expérience de vie (travail, blessures) les menant à adopter des habitudes de travail plus sécuritaires.